Chas d'hymen
Châtiment



J'habite les centres sombres des plaines arides, d'où je peux encore voir l'horizon miroiter

les montagnes de mes amours interrompues.

Folle d'une liberté imaginaire, je croupis au-delà des murs silencieux, ici, où les oiseaux juchent sans nids.

Au loin, mes familles désertées où quelques fantômes fredonnent encore de fausses rumeurs.

Je suis invitée à espérer sans cesse,

mais nul ne peut imaginer le tourment des prisonnières que celles qui l'ont vécu.

Malgré mes vérités dévoilées et mon âme ruisselante de souffrances,

l'impression de devenir meilleure bourgeonne quand même en moi,

parmi mes sœurs charcutées au nom d'une fausse liberté.

 

Pour les survivantes, aucun remède,

rien ni personne ne peut faire taire les cadavres sacrifiés dans ma mémoire à vif.

Je gravite dans l'interminable hivernage du crime apprivoisé.

Qui me délivrera de cet appel forcené du sang???

Quelque fois on peut lire dans mon regard empreint de douleur,

l'origine de certains crimes pour renaître des oppresseurs.

                                                                                                                        Mariane Matte