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    Belle Étrangère

Moi, aujourd'hui si belle
Suave comme les pétales d'orchidées sauvages


Moi, frémissante dans l'ivrese du matin
J'ai connu la détresse des gouffres
Aspirants carnivores des âmes sensibles


Au fond de moi hurlaient les cris de l'enfance malheureuse et impuissante
J'avais oublié mes rêves...perdue dans le tourbillon des insomnies


Je ne pleurerai plus de désespoir au petit matin
À regarder le peuple dévaler les rues
Propre et sobre, journalier


Je ne crierai plus de douleur profonde
Extirper mes tripes vides et sèches, atrophiées par la coke


Aujourd'hui j'habite au sommet de cette douleur
Bonheur acquis, humaine compassion, profondeur des jours brûlants


J'avais abandonné ma chair aux derniers venus
Disparus, comme leurs promesses oubliées


Je ne fixerai plus de honte les trottoirs
Regard fuyant dans la bruine d'une adolescence perdue


Plongeant et replongeant mes mains tachées de sang
Dans mes poches trouées


Perdue, écrasée par le désespoir
Je ne sangloterai plus, non


Sous les lampadaires allumés au coin d'une rue affamée
Que de souvenirs malheureux!


Pour qui? Pour quoi? Ai-je si faim de mort?
Maintenant, je sais qu'un jour
Lorsque je rencontrerai une jeune fille
Le regard fuyant, les mains dans les poches, incertaine


Alors rejailliront les souvenirs de mes nuits passées au coin des rues
Ruisselantes de larmes


Maintenant, au lieu des cris douloureux
J'entendrai une musique douce


Et mon esprit saura me rassurer en m'infusant une nouvelle force de vivre
Je sentirai ma peur et m'éloignerai de ce gouffre aspirant



Ce jour-là, enfin, sera une grande fête
Et je saurai alors que la victoire m'est acquise .


                                                                                                                         
   Mariane Matte