La vieille dame et l'Orchidée

                                                   Mme boily

                                                                                                            La vielle dame et l'Orchidée

Une dame habitait seule dans une petite maison modeste et chaleureuse.

Son quotidien était remplie de gestes simples comme;

prendre son déjeuner près de la fenêtre et admirer la nature,

lire un bon livre assise dans son fauteuil tout racornie,

faire la vaisselle en chantant et beaucoup de silence qu'elle appréciait à juste titre,

car cela lui permettait d'entendre l'appel de son âme

qui sollicitait son attention pour un entretient de grande qualité.

 

La réponse ne tardait pas et aussitôt le rituel ce mettait en branle :

prendre son châle et remplir un verre d'eau,

aller s’asseoir dans son vieux fauteuil qui épousait parfaitement toutes les courbes de son corps

et approcher la table sur laquelle reposait le plus beau des cadeaux que ses proches lui avaient offert :

une orchidée blanche.

 

Bien assise au chaud et en bonne compagnie,

déjà l'effet de calme et de paix s'installait dans sa respiration lente et profonde.

 

Cette relation particulière qui s'est établie au fil des années entre la dame et sa fleur

tient de l'ordre du mystère.

La communion unique et discrète qui remplit l'espace entre elles,

permet à la dame de comprendre certaines choses au delà du langage.

 

Cette fleur spéciale a la capacité de se transformer en messagère et d'apaiser les craintes concernant

le fait de vieillir et d'apercevoir la ligne d'arrivée de la course terrestre.

 

Dans un état de relaxation complet elle se sent disposée à entendre

ce que sa fleur veut lui partager.

 

Prenant une pause, pour permettre au silence

de descendre encore plus dans les profondeurs,

elle aborde un sujet que la plupart

ne veulent pas entendre soit l'agonie....

 

Elle lui explique comment, dans le plan d'Amour divin,

ce privilège accordé en fin de vie, est une grâce riche de sens.

 

On laisse tomber les pétales une à une.

Ce temps nécessaire, plus ou moins long,

ajusté aux pulsations de vie qui

consentent à abandonner le lien corporel

permet à chaque pétale

de se détacher sans douleur ni angoisse.

 

La futilité du paraître fait place à l'essentiel :

une tige dénudé, un fil mis à nu, un corps en attente qui vient révéler le mystère

de l'enracinement dans le surnaturelle.

 

Tout ce qu'on ne voit pas et qui appelle la vie en abondance.

C'est précisément à l'intérieur de cet espace temps,

imbiber du grand amour originel,

que la grâce du baptême prend toute sa force

et vient délier les entraves de l'esclavage.

 

Le souffle libérateur de l'esprit prend

son envol et t'emmène dans ce lieu

où le jour perd son nom et où le poids

de ton vécu devient la gloire du Père.

 

Contempler la grandeur dans le dénuement

et entrer dans la douceur de l'amour.

 

Comme la pénombre s'installait dans la pièce

et que le déclin du jour approchait,

l'orchidée ressentit que la dame était assoupie.

 

Son corps, plongé dans la plénitude de ses enfants de Dieu,

baignait dans la lumière.

De cette lumière qui transfigure le mal en bien,

la douleur en joie, la souffrance en gratitude.

 

Profitant de ce rayonnement salvifique traversant la fleur dans son entier,

elle libère ces vibrations en longueur d'onde bénéfique

qui se propage jusqu'à la fine pointe du cœur fatigué de la dame.

 

Élan de gratitude envers celle qui lui a prodigué de bons soins à chaque jour

afin que l'orchidée puisse exhiber toute sa beauté au monde.


La vieille dame sortant de son sommeil réparateur constate le temps qui a passé

et s'agenouille devant sa fleur qui a refermé ses pétales pour la nuit.

Une profonde paix envahit tout son être et elle exulte de joie pour ce nouveau jour

où elle pourra s'entretenir avec sa fleur.

                                                                                                                                                                             Harpe de l'amour