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- Micheline Lemieux
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Souvenir douloureux
Souvenir douloureux ( mon fils à 8mois)
Un souvenir douloureux remonte à la surface de mon être.
Il a pour mission de laisser monter ce qui veut se réinscrire dans l'histoire de ma vie.
Une fois terminé, je comprends pourquoi ce souvenir a resurgi dans mon esprit.
À la naissance de mon fils, suite à des complications, l'on m'a fait une épidurale qui a causé une paralysie.
Alitée durant deux mois, désespérée,
je réfléchissais sur ma vie et je sentais l'importance de me resituer face à moi-même.
Il me fallait accepter la situation et dire un oui du tréfonds de mon cœur à cet évènement douloureux.
Je sentais que pour survivre je devais faire de la place à beaucoup d'humilité.
Cet événement dramatique appelait un énorme changement dans ma vie.
Cela faisait tant d’années, depuis que je suis toute petite que
se cachait dans ma ''blessure spirituelle'' la mésestime de moi-même.
Cela me faisait tellement souffrir.
Je croyais que la naissance de cet enfant m'apporterait le véritable bonheur: celui d'être mère.
Voilà que cette paralysie venait totalement tout détruire et me réduire à néant.
Elle jetait tellement d’ombre dans mon esprit que je ne voyais plus rien, j'étais dans la noirceur totale.
Je désirais de tout mon être me libérer des chaînes de l'esclavage de la colère,
de l'anéantissement total et de la violence.
Ces liens destructeurs que j'entretenais dans mes pensées m’empêchaient de vivre
dans l'humilité et l'acceptation de cette situation.
Mon plus grand désir,
c'était de faire l’espace nécessaire pour me permettre d’agir en personne adulte afin que la grâce surabonde dans ma vie.
J'ai reconnu que depuis toujours je réagissais de façon impulsive devant l'injustice.
Je criais haut et fort pour défendre, prendre partie pour le faible.
Voilà qu'aujourd'hui la plus petite et la plus faible c'était moi.
Il me fallait entrer dans le lieu de la mort à moi-même et du dénuement.
Je refusais de me replier.
Je désirais de tout mon coeur entrer dans le silence.
Totalement coupée de mon quotidien normal, cette paralysie me provoquait à pénétrer
dans un mouvement de recherche responsable à faire la vérité sur moi,...
sur ma relation avec Dieu et sur celle que je vivais avec mon prochain.
De tout mon être je désirais trouver la force de renoncer à vivre mes émotions et mes sentiments de découragement.
Cette remontée dans le retrait et le silence m'a formée
à une obéissance d’amour à la volonté de ce que la Vie permettait pour me faire croître dans la maturité.
Cette épreuve m'a projetée à l'intérieur de moi.
La lumière a propulsé cette lourde épreuve en ce lieu de mon être
où je ressentais douloureusement mon inconscience et le mal que je me faisais.
Plus consciente du mystère effectué en moi, la croix de cette paralysie,
tout comme celles qui me sont quotidiennes, perdent leur dureté apparente
car mon identité humaine et spirituelle se perd de plus en plus dans l'espérance et la joie d'une renaissance.
Intensément et profondément entrée dans le lieu de ma quête de connaissance de moi-même,
je sentais ma vie commencer à s'ordonner selon la Générosité de mon coeur puisée
dans Celui qui est plus Grand que moi.
Le signe, c'est que je ne craignais plus la paralysie.
La Lumière qui jaillissait en mon être avait ce pouvoir de me rendre heureuse et
de me dévoiler toute la beauté de mon visage intérieur et
la splendeur qui était cachée dans cet événement dramatique.
J'ai réellement saisi ce que voulait dire le mot fidélité de Dieu à mon égard.
Ainsi, depuis le jour de la naissance de mon fils, jour de cette paralysie,
je me laisse porter par une Force d’amour Suprême.
Ne pouvant rien par moi-même, dans l’abandon d’un petit enfant
je me laisse déplacer sur les ailes de l'Abandon qui me conduira jusqu’à l’achèvement
de ce que la Vie a commencé en moi.