Considérer sa situation, c'est la prière la plus généreuse!

                                                       

                                      Une femme paralysee                                                                                         Considérer sa situation, c'est la prière la plus généreuse!

Du rant ces deux mois de paralysie j'ai effacé Dieu de ma vie. Que de silence! Quand dans la nuit je croyais être dans la lumière, Il souffrait en tout mon être de mon aveuglement. Il persévérait muet à tolérer toutes mes insolances et mes indifférences!

Tout le temps de mes souffrances, Jésus a supporté mon insouciance et mon inconscience! La surdité devant le cri de l'enfant pauvre que je suis retentissait dans le désert de mon coeur avide de marcher, de manger seule, de me laver seule, de pouvoir me lever etc.

Que de recherches impétueuses m'ont  plongée dans l'impuissance à ouvrir mon coeur à l’écoute intérieure. Pourtant, une immense solitude m'habitait et creusait en mon être l’évidence d'un besoin de sa Lumière.

Au moment où j'écris, je ressens encore la grande détresse que je ressentais en ce moment de désespoir! Pourtant, je sais que dans ce temps d'immobilité entière, j'enfantais mon être à une quête de moi-même. Un Esprit humble, caché dans mes pauvretés et mes misères venait provoquer toute ma personne à accepter judicieusement les exigences de tout ce que la vie faisait de moi! Que de pauvretés m'ont empêchée de marcher dans la lumière! Je n'avais pas saisi qu'elles m'appelaient de façon très précise à entrer librement dans la recréation de mon être. Lumière ou ténèbres? Je devais choisir.

Mon malaise étant trop grand et trop profond, il m'était impossible de demeurer dans l'impassibilité. Il me fallait sortir de la nuit mon être opprimé, abandonné de moi-même, impuissant à se relever de cette paralysie, insécure dans sa vie affective, incapable d’espérer un changement, avec si peu d'estime de moi-même, si peu de fondement émotionnel. Je me suis donc inclinée, agenouillée intérieurement devant plus Grand que moi!

Un immense courant électrique m'a transpercé le coeur! J'ai fait l'expérience la plus marquante de ma vie: La Lumière du Christ est passée par l'humilité de me reconnaître pauvre et sans moyen! Un Être blessé, miroir de ma pauvreté est passé et je l'ai accueilli parce que je me suis reconnue en Lui! 

Mon accueil m'a donné de me sentir libérée et aimée! Pourquoi? Je crois que la connaissance juste de moi-même ne pouvait exclure que Quelqu'un en moi était plus Grand que moi et que ce Quelqu'un m'accordait la faveur de m'abandonner totalement dans la confiance et le pardon d'un tout petit enfant!

Cette pauvre en mal de vivre et d'aimer que j'étais, m'a accordé la faveur de m'accueillir! En accueillant la transparence de la vérité de mon coeur de pauvre, dès lors, je me suis laissée aimer sans condition.

Ce Dieu caché dans le tréfonds de mes blessures a éveillé en mes entrailles, une joie pure qui a ouvert tout mon être à la communion et à l'abandon du tout petit enfant en moi qui faisait entièrement confiance à Celui qui le recevait si gratuitement!

La force de la petitesse de cet Amour pauvre a accordé à la petite en moi une humilité capable d'accueillir la pauvreté physique et psychologique qui  paralysait toute ma personne! Je sens que cette Présence alimente encore aujourd'hui le don de la vie que j'ai reçue si gratuitement à ce moment!

Cette Présence humaine défigurée par la douleur, je l'ai reconnue! Elle a transformé mon être et sa tendresse a disposé mon coeur à me laisser recréer. Je bénis la Vie d'être venue habiter ma personne d'une immense pauvreté et faiblesse! C'est elle cette Vie souffrante du Christ qui est venue habiter cette Présence humaine si blessée par l'immobilité. Cette Vie m'a permise de me livrer en communion à ce profond mystère de l'Être souffrant!

Consciente du mystère de ma pauvreté humaine, j'expérimentais un accroissement. Ma faiblesse humaine était devenue la lumière du jour qui me sortait de mes nuits.

La paix qu'elle m'a procurée, a pris la place dans mon coeur et sa joie en est venue à dépasser ma tristesse. L'Amour reçu a réchauffé mes froideurs.

C'est indéniable, cette Pauvreté divine portait une qualité de Présence! Je crois que c'était l'incarnation de Celui qui s'est abaissé jusqu'à prendre sur Lui mes misères, mes faiblesses et mes pauvretés humaines! 

En se faisant plus Pauvre que moi, sans me demander aucun besoin, sinon de jeter un regard miséricordieux sur moi qui portait silencieusement mes misères, ma paralysie, mon dénuement tellement évident, Il m'a délivrée de mon désespoir! 

Son accueil inconditionnel m'a libérée et m'a ouvert au don de moi-même pour le petit que je venais de mettre au monde! Il me fallait patienter un long temps avant que je puisse le presser sur mon coeur! Que de souffrances de ne pouvoir marcher, ni m'asseoir, ni pouvoir le bercer!

Bref, une nuit, l’accueil du Christ pour la misérable, l'indigente et la nécessiteuse que je suis, suscita une prière d'une profondeur telle, qu'elle a équilibré ma vie et elle a étanché toutes mes soifs. Elle m'a rendue libre de tout et de tous, mais plus particulièrement de moi-même!

 Deux mois plus tard, lentement mais sûrement, je pouvais subvenir à mes besoins seule, me laver seule, me peigner seule, m'asseoir pour prendre mon bébé, l'entretenir, en prendre soin et redevenir, au fil des années une personnes pleinement normale!

Merci à la Vie pour tant de merveilles et merci à ma maman, à ma soeur, à mon conjoint et toutes les personnes qui se sont occupées de moi!

Merci aux soeurs du Précieux-Sang pour leurs prières assidues et à celles de ma maman qui était constamment en communion avec ces femmes de Dieu!  

                                                                                                                               Micheline Lemieux ( Devenir en mon meilleur)