Jésus Est

                                   Enfant

 Jésus Est

Dans le flot continu et redondant des générations humaines qui naissent,

qui vivent, qui meurent, en se transmettant dans la fragilité et la souffrance

tout ce qu'ils sont et ne sont pas,

ou ne peuvent être;

dans le bruit du monde qui ne sait pas quel est son sens et

qui existe comme en «subissant» la vie,

comme en rejetant ce don de la vie

dans un sentiment d'éternel recommencement des contradictions,

il y a eu une seule véritable rupture,

un seul véritable événement au fond,

qui est advenu au coeur de tout ce tâtonnement.

Cette brisure dans l'imaginaire humain,

cette rupture d'avec cette vie qui se laisse sans cesse décréer à mesure qu'elle naît

(comme un visage esquissé sur une plage que la vague efface aussitôt),

cet événement qui fissure l'histoire humaine,

c'est Quelqu'un:

c'est Jésus le Christ.

Jésus, ce n'est pas une « anecdote » de l'histoire.

Jésus n'est pas seulement non plus « quelqu'un de très bien » qui,

dans l'histoire, « a fait ce qu'il a pu », mais qui a été oublié.

Non, Jésus ne s'oublie pas. Jésus Est. Il EST.

Écoute, ton coeur.

Il EST!

Il ne cesse de faire entendre sa Présence,

il dit par son être même: « JE SUIS ».

Et il le dit éternellement.

Et parce qu'«Il est», parce qu'Il est la Vérité,

Il brise tous les schèmes de pensées.

Il fait échapper tous les cadres de la logique humaine qui

voudraient le réduire à un savoir,

à une anecdote historique,

ou qui voudraient se l'expliquer immédiatement

sans s'ouvrir à son mystère d'amour.

Il se dérobe à tout esprit qui désirerait le déterminer pour avoir,

au fond, une main mise dessus et subtilement se tenir à distance de Lui,

se refuser à son Amour et demeurer séparé d'avec Lui...

Jésus ne peut être emprisonné en tant qu'il est ce qu'il est.

Il échappe à toutes les logiques naturelles,

à toutes les mesures humaines.

Il ne se trouve pas dans ce que l'on plaque sur lui,

dans nos idées rapides, ni dans ce dans quoi on l'enferme.

Toutes nos consciences solidaires, prises dans les pièges des vérités toutes-faites,

prises dans l'illusion de leur imaginaire opaque sur ce que c'est que vivre,

se révèlent être des consciences comblées de préjugés qui

ne reconnaissent pas son Amour,

qui ne reconnaissent pas le don de Dieu,

le don d'amour de Dieu qui s'est quitté lui-même par pur amour pour chacun...

pour toi, pour moi, pour nous tous.

Je veux te faire remarquer:

il y a nos consciences comblées de préjugés qui ne reconnaissent pas l'Amour et

il y a Marie, Elle, comblée de grâce,

car vierge intimement de cette conscience enfermée

dans le préjugé transmis par contagion. 

                                                                                                                                                                                                                                                          

                                                                                                                                                      Micheline Lemieux (Devenir en mon meilleur)