Miséricorde
Miséricorde
Par un beau dimanche matin ensoleillé, une mère intentionnée prépare sa petite
pour aller rendre visite aux grands-parents.
Elle choisit la plus belle robe rangée dans un tiroir spécial.
Comme dans un rituel, elle sort un à un les vêtements et les étalent sur le lit pour mieux les admirer.
Ils sont tous d’un blanc étincelant et dégagent un parfum de brise chaude de juillet.
L’enfant trépigne d’impatience dans sa hâte d’aller dehors.
Cette mère remplie d’amour et de patience habille sa petite avec tendresse.
Vêtue de blanc de la tête au pied,
la maman admire avec gratitude la beauté de son enfant qui tournoie devant elle.
Une dernière touche finale pour compléter le tout,
un ruban blanc aux bordures dorées est noué dans ses boucles blondes
et elle a tout juste le temps de placer un baiser sur le front de son trésor
qu’elle se précipite dehors en criant de joie.
Désinvolte et insouciante, elle passe un bon moment à jouer, se balancer,
courir dans l’herbe et sauter.
Dans la pureté de son être profond elle en oublie ses habits du dimanche et saute à deux pieds dans un petit ruisseau.
Elle sent l’eau fraîche entrer dans ses souliers blancs et traverser ses chaussettes.
Son rire plus pur que le cristal fait écho avec le chant des cigales
et dans un ravissement suave elle savoure cette matinée d’été.
Mais bientôt la réalité la rattrape et elle prend conscience de son geste.
Le cœur serré elle retourne à la maison alourdie dans sa course, par la boue qui colle à ses chaussures.
Sur le seuil de la porte, la main sur la poignée, elle hésite un instant.
Son ami intérieur ainsi que son ange gardien l’entourent avec un amour plein de miséricorde et lui révèlent que la vérité est plus forte que
la peur et que la confiance lui donnera l’élan pour entrer.
En croisant le regard de sa mère, elle s’aperçoit de l’ampleur des dégâts :
sa robe est tachée d’herbe, ses souliers pleins de boue, ses bas trempés et sales et son ruban déchiré.
Les yeux remplis de larmes, elle voit sa mère tendre les bras dans un geste chargé d’amour et de compassion.
Elle accueille sa petite avec toute la douceur d’une mère aimante et compréhensive
et l’aide à se dégager des vêtements souillés par son expérience de vie.
Dans les bras d’une maman qui cajole et rassure,
la fillette ressent au plus profond de son petit cœur d’enfant
tout le poids de l’amour qui pardonne.
Elle saisit de l’intérieur sans vraiment comprendre,
l’importance du vêtement blanc qu’on lui a mis lors de son baptême.
Soulagée et légère elle va s’asseoir près de la fenêtre
sachant bien que maman oubliera ses bêtises
et que la vérité l'a rendue libre.
Que chacune de ses journées vécues sous le regard de ce Dieu d’amour
sera comme un dimanche ensoleillé.
Harpe de l'amour