Nous sommes tous appelés

 

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C’est dans la foi, l’amour et l’espérance qu’il faut parler. Alors, du fond du coeur, j’ose me rendre disponible à la Parole.

Nous sommes tous appelés, chaque être humain, c’est la foi qui nous l’apprend à une vocation unique pour le monde, à une mission liée au meilleur de nous-mêmes; et cette vocation, cette mission aspire à se déployer en communion avec d’autres – comme en un seul corps– , pour tous les frères et les soeurs, humains dispersés.

La marche à la suite du Christ nous apprend en effet que, davantage et avant que l’homme cherche Dieu et un sens à cette vie qu’il partage avec d’autres, Dieu cherche l’homme en son humanité fondamentale et ouvre pour lui, dans un seul mouvement de Création, le sens de cette Vie donnée, incommensurable, qui renverse tous les mensonges, tous les préjugés, toute apparence idolâtrée. Dieu cherche à donner sa vie à l’homme et , librement, en Esprit de vérité et d’ouverture, celui-ci se donne lui-même à cette Vie pour l’avènement de la communion réelle des êtres humains, dès ici-bas, selon l’élan total et démesuré de l’Amour. 

La particularité du christianisme vécu en vérité, sur les pas de Jésus et de ses témoins, dont Marie l’Associée plénière, c’est la reconnaissance qu’avant que l’homme – du lieu de ses souffrances et de sa mort et du non-sens qui l’habite – ait appelé vers Dieu, ou avant que l’homme ne se soit, à partir de son lieu imaginaire, révolté ou fermé sur lui-même contre la Vie, ou avant que l’homme ne soit, tout simplement, Dieu a appelé cet homme à sa lumière, il l’a appelé à participer à son Amour sans fin... Cela en lui donnant son Fils, seule Parole plénière de cet unique Amour adressé aux êtres humains, par amour.

On ne choisit pas de se donner une vie, comme on ne choisit pas d’être, peu à peu, mis à part, par l’Esprit de Dieu, selon un projet de liberté dont on ne sait rien a priori, mais qu’on découvre au fil du temps et de la mort à soi-même . On ne choisit pas d’être choisi par le coeur de Dieu pour être sa ou son « missionnaire» dévoué.

La Vie pénètre peu à peu celui ou celle qui est assoiffé d’amour, le transforme comme une main qui sculpte peu à peu une terre, dépose en lui, par ce don de Vie, un véritable combat entre la mort déjà là et cette Vie Unique; entre le mensonge et la vérité, entre la lumière et les ténèbres. Mais dès qu’un tel Combat est reconnu, assumé, choisi, pour l’Amour de Dieu et des humains, avec la grâce de son Esprit, selon son Verbe de Vérité, eh bien la Vie, à coup sûr l’emportera, parce qu’ayant déjà remportée, par Jésus, la Victoire définitive sur le Mal et la Mort.

Le regard de l’humain sur ce monde partagé changera. Le coeur de cet humain supportera, intercédera, pour ses frères et ses soeurs, desquelles il se reconnaît maintenant et à jamais comme un membre, selon l’Esprit du Christ.

Il y a donc les consacrés à Dieu... mais tous ne sont-ils pas appelés? Oui... Mais encore faut-il avoir entendu quelque chose à quelque part... Encore faut-il que quelqu’un ait, de façon vive, par son être et par ses actes, par ses paroles, ou par son silence, ou par sa prière, témoigné d’une vérité d’être indubitable, qui, en Esprit, résonne profondément jusqu’au coeur de celui et de celle qui écoute. Plus rares et plus précieux que la Rosée du Soleil sont ces « apôtres » de la véritable évangélisation, celle du Coeur.

Mais y a-t-il, aujourd’hui, en notre monde, de tels apôtres? Même si visiblement rien n’est apparent en ce sens, que le monde semble tourner à vide, déjà de tels témoins de la vie de Dieu, par le Christ, sont à l’heure d’un éveil particulier... Les temps sont importants.

Seul l’amour qui se révèle en Jésus-Christ, peut quelque chose devant le chaos de notre monde; chaos qui se donne sous l’apparence d’une marche vers une unité véritable, alors que cette monstruosité de violence renie l’humain dans l’humain, le sacré de l’unique en chaque humain, selon la différence établie entre eux... Ce grand mensonge renie la différence, renie le « nous » véritable des humains selon une même condition humaine partagé en vérité par-delà des images toutes faites et des savoirs aveugles.

Une personne consacrée, par sa vie de témoin de la Croix, est un de ces petits fanaux qui veillent et qui, par leur vie, en éveilleront plusieurs autres. Et ces autres lampes, éveillées à veiller, en éveilleront plusieurs autres... Et ainsi de suite... Cela, par un seul feu courant, et pour un seul feu glorifiant, celui de l’amour, donné par le Crucifié. Certes, il s’agira d’un petit reste. D’un tout petit reste.

Mais une personne de Dieu est celle qui vit de Dieu. Celle qui se confie à la Providence, se rend radicalement disponible au projet du Père. Celle qui s’abandonne à sa Grâce, en plaçant au centre de sa propre existence l’Agneau immolé pour le Salut, le Pain Vivant.

Il ne s’agit pas d’ « avoir » la vérité, mais d’être vrai selon la Vérité. Et on est vrai de la Vérité qui fait vivre « en humain » les humains de ce monde, en autant que l’on reconnaisse qu’on ne sait pas comment aimer, qu’on ne sait pas qui est Dieu, ni quel est son Don, qu’on ne sait pas qui est l’humain, homme et femme, qu’on ne sait pas ce que c’est que vivre en vérité, en aimant en vérité, à travers la souffrance de l’amour et sa joie... Autrement dit, on est vrai quand on se rend compte qu’on ne peut pas capturer la vie dans des savoirs tout faits, et qu’on se remet à l’Esprit du Christ Jésus pour qu’il vienne nous conduire, nous habiter pour nous révéler les uns aux autres, pour nous réveiller les uns les autres à l’Amour, comme frères et soeurs d’une Seule Famille, Enfant d’une même Origine.

Mais il faut dire que le mystère de la vie donnée de Dieu ne va pas sans celui du péché contre l’Origine. La marche vers la sainteté dont nous gratifie le Père, en nous faisant entrer dans sa présence par son Esprit, ne se fait pas sans la conscientisation de nos mensonges, sans la conscientisation de nos enfermements, de nos esclavages, de nos prisons, et sans la reconnaissance fondamentale que sans la vie du Tout Autre qui a pour Visage celui de l’Unique Jésus-Christ, sans sa vie en nous, qui nous fait entrer dans le sein de la Trinité, nous ne sommes que de vulgaires possesseurs de vérités, que des egos qui se mettent au centre des êtres et des choses et vers qui la vie « doit» tourner. Alors notre amour prend, et se prend pour le centre et devient ambiguïté, agent de division, et de séparation.

Je ne suis rien sans toi. Je ne sais pas aimer mes frères et mes soeurs, sans toi, Seigneur.

Le chemin de la sainteté auquel nous sommes tous appelés n’est pas celui de la perfection à mesure « raisonnable ». Car la vie et l’amour vrai qui se donnent sans mesure à partir de toute mort, de toute souffrance associée au Christ. Là où le péché abonde, la grâce surabonde.

 

                                               Micheline Lemieux ( Devenir en mon meilleur)